Le lendemain, après le payement en bonne et due forme de l'entièreté des journées de traversée..., nous voici en selle.
Rapidement, nous sommes rassurées, les selles sont bien plus confortables et en meilleur état, et, les sacs étant accrochés au cheval du guide, ils ne nous encombrent pas. De plus, Flavia bénéficie d'un cheval adapté à sa taille...
En chemin, nous nous arrêtons pour observer des pétroglyphes (gravures sur pierre) datant de plus de 120000 ans et dont la région regorge ou pour saluer des amis de notre guide qui vivent dans les environs.
Notre premier campement s'établit au pied d'un col à plus de 3000m que nous aurons à franchir le lendemain matin. Un petit ruisseau coule, prenant sa source quelques mètres plus haut au creux des neiges éternelles. Autant vous dire que l'eau est glaciale et que nous ne ferons qu'une toilette de chat.
Nous cuisons le repas sur un feu de crottins de cheval secs, seul combustible, mais qu'on trouve à profusion par ici.
Notre guide n'a pas de tente, il dort à la dure, comme tous les guides par ici, emmitouflé dans son "deel" autour duquel il enroule un long imper... Nous sommes un peu mal à l'aise, mais il n'est pas question de l'inviter à partager notre tente... Surtout qu'elle est déjà minuscule pour nous deux. Nous lui offrons tout de même une de nos couvertures supplémentaires...
La nuit a été bien froide, et au réveil nous sommes soulagées de l'entendre remuer... Il n'est pas mort de froid, c'est déjà ça.
Après un petit déjeuner revigorant composé de porridge de riz sucré et d'un café, nous voici parties à l'assaut du col.
La montée est ardue, même à cheval. Nous sommes loin d'être à l'aise sur ces raides pentes rocailleuses. Arrivées à un certain point, nous terminons l'ascension à pied, menant nos chevaux à la longe.
Au col, la vue est éblouissante. Devant nous s'étend un large plateau enneigé.
Après une courte pause nous le traversons avant de redescendre sur l'autre versant. Une partie de la descente s'effectuera également à pied.
Puis, à mi-chemin, nous remontons sur nos montures pour traverser de vastes prairies parsemées de milliers de fleurs. C'est tout juste le printemps à cette altitude.
Le cheval de Maëlle qu'elle a baptisé Johnny Jumper est un véritable estomac sur pattes et sans une attention soutenue de sa cavalière il s'arrêterait à chaque touffe fleurie pour la goûter... Et ce sera ainsi tout le trajet. Elle pourrait écrire un manuel sur ses préférences gustatives... Johnny Jumper semble être un jeune cheval. Il est un peu sot, traînasse, puis, sans raison, se met à trotter, rattrape ses camarades, ou s'arrête net menaçant de faire plonger sa cavalière simplement parce qu'il a repérer une touffe d'herbes grasses à souhait...
Le cheval de Flavia, baptisé Cadichon, à lui un gros souci... Il a mal à un sabot, à cause d'un vieux fer qui le gêne. Il refuse donc d'avancer si le guide ne le tire pas à la longe. A la longue, c'est un peu pénible pour Flavia, même si le premier jour ça la rassurait ... Mais de toute façon elle n'a pas le choix. Elle a eu beau essayer par tous les moyens, il n'avance pas d'un centimètre s'il n'est pas tiré par la longe. Aussi, l'animal blessé, évite à tout prix la roche car marcher dessus lui fait mal et il emporte parfois sa cavalière dans de violentes embardées, souvent lors des passages les plus délicats.
Notre seconde journée est longue. Le guide nous ayant proposé de faire deux étapes en une, histoire de ne pas poser le campement à 14h.
Nous avons rejoint la vallée d'une autre rivière blanche, Tsagaan Uul, que nous suivrons jusqu'au lac.
Nous arrivons vers 18 heures à l'endroit du campement, poursuivis par d'énormes nuages menaçants. Nous montons la tente en vitesse avant la pluie. Heureusement, ce ne sera que quelques gouttes, la tempête se liquéfiant avant son arrivée sur nous. Nous sommes soulagées car laisser dormir le guide sous la pluie nous aurait vraiment beaucoup gênées. Un autre feu et un autre repas plus tard, nous voici au dodo. 65 km à cheval, c'est tout de même éprouvant.
La journée du lendemain est celle qui doit nous mener au lac Khoton.
Arrivées là, nous devrions laisser les chevaux pour continuer à pied. Le lac n'est plus très loin et la journée promet de ne pas être bien longue.
Nous sommes plutôt embêtées car ayant fait deux étapes en une, nous avons payé une journée de trop. Nous n'espérons pas la récupérer, nous avons accepté, même si nous espérions à ce moment avancer logiquement plus loin avec les chevaux... Nous avons vite compris que ce ne serait pas le cas. Ici. le cheval est un moyen de transport et les locaux ne comprennent pas la notion de "plaisir" de l'équitation. Pour lui le deal était de nous amener au lac... Pour ça, nous nous faisons à l'idée... Mais, cette dernière journée de cheval nous restera longtemps en travers de la gorge...
Après deux petites heures de trajet, le guide s'arrête et dépose nos sacs. Il nous fait comprendre que le lac est derrière la butte devant nous. Et veut nous laisser là. Nous refusons vigoureusement. Nous ne sommes pas encore au lac, on ne le voit même pas d'ici!
Nous comprenons à ses regards vers la tempête qui se prépare au loin vers le col qu'il espère rentrer chez lui le jour même. Mais nous avons payé 4 jours de cheval ainsi qu'une cinquième journée pour son retour! Nous avons déjà perdu une journée à cause d'une incompréhension culturelle pourrait-on dire, il ne faut pas exagérer!
Mais à peine 10 minutes plus tard, alors qu'on aperçoit le lac loin, très loin devant nous, il s'arrête à nouveau. Et cette fois, rien n'y fait. Il a décidé de nous larguer là, au milieu de nulle part, à des km et des km du lac! Nous sommes dégoûtées! Au vu des étapes, il devait très bien savoir qu'il pourrait rentrer à la fin de la dernière journée et nous a malhonnêtement fait payer un cinquième jour... Et ajouté à ça la journée perdue, ça fait trop. Et évidemment, il comprend ce qu'il veut bien comprendre. Nous avons eu beau expliquer tout cela, avec dessins, chiffres, et compagnie... il a fait l'innocent!...
Voyez le lac... Tout au fond à gauche...