Nous quittons Kalpa pour nous rendre dans une vallée adjacente, la vallée de Sangla. Beaucoup plus verte, elle nous offre des paysages quasi alpins. La route est toujours aussi scabreuse, mais nous n'y faisons presque plus attention. Nous bénéficions encore de très jolis paysages tout le trajet.
Arrivées à Raksham, nous partons nous balader dans le village. Lui non plus n'a rien d'extraordinaire, si ce n'est quelques jolies maisons reflétant l'architecture typique du Kinnaur. À nouveau le temps fait des siennes, nous ne pousserons pas l'exploration plus loin.
Au réveil, nous sommes enfin accueillies par un grand ciel bleu. Nous décidons donc de descendre dans le creux de la vallée. Le chemin agréable qui nous y mène serpente entre les vergers.
De jolies maisonnettes et granges parsèment la montagne et nous découvrons même un petit village niché entre les arbres, à quelques centaines de mètres du torrent.
En fin d'après-midi, nous quittons définitivement la région pour nous rendre à Rishikesh, ville "sainte" située près de la source du Gange.
Nous nous souviendrons longtemps du trajet qui nous y mena !
Tout d'abord, un bus local doit nous emmener en une nuit à Chandigarth. Ensuite, de cette grosse ville située un peu plus au nord, nous pourrons trouver des bus en direction de Haridwar, ville voisine de Rishikesh.
Plan, bien que long, tout à fait acceptable sur papier. Seulement, c'était sans compter sur la réalité du terrain... Nous pensions naïvement qu'une fois sorti de la vallée le bus allait gentiment rejoindre la route principale menant à Chandigarth. C'est Flavia qui rapidement remet cet idée idiote en question. La nuit tombe et au lieu de suivre gentiment le torrent, le bus se remet à suivre de sympathiques routes scabreuses... La route grimpe de plus en plus haut. Et c'est le seul chemin vers Chandigarth. Le trafic est donc nettement plus soutenu et les rencontres frontales inévitablement plus nombreuses.
Et, ironiquement, la route est encore plus étroite qu'ailleurs... peu ou pas d'endroits pour se croiser. Les passages se font donc à grands cris de peinture... Plus d'une fois nous auront l'impression d'être définitivement coincées entre la paroi et l'autre véhicule et le souvenir des marches arrières dans la nuit noire avec pour seul repère le barrage illuminé quelques mille mètres plus bas nous donne encore des sueurs froides.
Flavia ne peut s'empêcher d'ouvrir la fenêtre toutes les 3 secondes pour vérifier le minuscule espace qui nous sépare du vide... Ce satané trajet nous aura donné quelques coups de chaud. Après 3 bonnes heures à ce rythme, nous sommes lessivées. Nous quittons enfin cette route pour une autre quelque peu plus "rassurante" (pire n'aurait pas été possible...).
Nous nous arrêtons pour le souper dans un boui-boui, mais nous avons l'estomac noué, on ne peut rien avaler ! Après nous être focalisées sur le trajet, nous commençons à nous détendre et observons les autres passagers du bus. Celui-ci est plein à craquer, et après quelques derniers arrêts dans les villages, nous réalisons que nous sommes les 2 seuls individus de sexe féminin. Trente cinq gars nous accompagnent. Une bonne moitié passe son temps à nous fixer... Sont pas bien ces gens. Et nous, nous sommes de moins en moins à l'aise... Après encore quelques arrêts, l'accompagnateur du bus nous réservera les deux places à l'avant (Il y a tout de même quelques avantages à être une femme en Inde...). Non seulement celles-ci nous évitent d'être secouées comme dans un shaker, mais surtout elles ont l'avantage de nous soustraire quelque peu à ces regards insistants et dérangeants !
Le trajet est loooonnnnng, très long ! Et quand il n'y a que deux bonnes femmes dans le bus, le chauffeur ne prend pas spécialement la peine de faire ses arrêts pipi à des endroits offrant des possibilités d'être à l'abri des regards !
Nous arrivons à Chandigarth épuisées au petit matin, sautons dans un Rickshaw pour rejoindre la seconde gare des bus (ben oui, évidemment, on ne pouvait pas directement arriver dans la bonne...). De là, c'est reparti pour 7 heures de trajet. Bus local, mecs bizarres qui nous fixent à longueur de temps. Routes lentes, trèèèèèès lentes ! Des villages qui semblent sortir d'une guerre, des gens partout, beaucoup semblent complètement branques (on le serait sans doute aussi à vivre là-dedans !).
Taudis, bidonvilles, crasses.
Peu ou pas de femmes dans les rues. Des femmes voilées de noir de la tête aux pieds (sans même des trous pour les yeux : elles regardent vers le bas, sous le voile...). C'est glauque, c'est oppressant, c'est moche... Bienvenue dans la réalité indienne!